Un patio retrouvé chez BNP - Hemisphere CAP
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Sommaire
Un patio retrouvé
«Le jardin en mouvement privilégie les dynamiques dans l’espace, les changements de place des plantes, mais il n’interdit pas le travail du jardinier. On ne laisse pas tout faire. Dans un jardin, l’homme intervient, mais il fait avec la nature et non pas contre elle.»
- Gilles Clément
Contexte historique et état actuel
Projet en vue de réaménager les jardins d’un patio d’un ensemble immobilier situé à Paris 19, 1 rue de la Gare. Ce jardin est constitué d’un ensemble de plusieurs terrasses plantées. Le paysagiste en charge de l’aménagement initial de ces jardins s’est appuyé sur le plan d’aménagement et le travail de Michel Desvignes Paysagiste pour le Parc du Millénaire, dont fait partie le bâtiment du Patio. Ce paysagiste originel à utiliser une seule espèce d’arbre (plantation mono spécifique) pour planter l’ensemble du patio : le Chêne vert - Quercus Ilex, comme aime à le faire Michel Desvignes. Michel Desvignes est notamment connu pour son amour irraisonné du Bouleau (Betula Utilis).
Initialement, le patio était un vaste platelage de bois à l’ombre des chênes verts, comme le montre bien l’état des lieux réalisé par la société Horizon végétal. Ce premier volet d’aménagement a été réalisé entre 2009 et 2014. Une seconde phase d’aménagement, de rénovation a été réalisée. Lors de cette rénovation, il a été décidé de retirer le platelage bois en grande partie et de planter toute une strate arbustive et herbacée pour recréer une strate paysagère basse jusqu’ici absente.
Deux thématiques
Le choix du paysagiste de l’époque s’est porté sur deux thématiques : «la prairie» pour les deux terrasses dont l’épaisseur de substrat avoisine les 50 cm et «le sous-bois japonisant» pour l’espace central où sont plantés des Chênes verts, avec une épaisseur de 80 à 100 cm de substrat. Deux cheminements principaux en bois ont été conservés pour pouvoir accéder à la terrasse haute ainsi que deux terrasses en bois : une plâne à l’ombre des chênes verts sorte de place de village, et une seconde décaissée.
POUSSE a été contactée en janvier 2023 en vue d’une troisième phase de réaménagement de ce Patio du Millénaire 1.
Culture monospécifique et patio
Le travail de Michel Desvignes est remarquable, à bien des égards, cependant son travail d’étude en 2009 puis la réalisation de l’ensemble du Parc du Millénaire entre 2009 et 2014 n’a pas à proprement été respecté par le paysagiste de l’époque, qui a conçu le Patio Millénaire 1 initialement. On peut schématiser rapidement l’aménagement paysager de l’ensemble du Parc par une succession d’espaces carrés plantés de manière serrée et mono spécifiquement. Bien que visuellement et architecturalement ce concept soit une réussite, écologiquement, l’expérience botanique mondiale de ces 20 dernières années a montré qu’il s’agit d’une aberration, purement et simplement. La culture monospécifique a montré ses limites : appauvrissement des sols, vecteur de la propagation du feu, vecteur de maladie. Si la dite espèce est sujette à une maladie alors l’ensemble de la plantation touchée est vouée à être affectée dans son ensemble. Dans le contexte du Parc du Millénaire, la plantation monospécifique de chaque carré rend ces considérations peut être marginales ; à contrario à l’échelle du Patio du Millénaire ces considérations sont prépondérantes. Si un vecteur externe comme une maladie était amenée à toucher l’un des Chênes verts c’est l’ensemble des sujets plantés qui seraient touchés et donc l’ensemble du paysage du patio qui serait voué à disparaître. En conclusion de quoi, il nous faut introduire de nouvelles espèces d’arbres dans la strate arborée.
Autre constat
Le Chêne vert n’est pas une espèce endémique d’Ile-de France, dans le cadre de certification BREEAM, BREEAM In Use et autres certifications, il est particulièrement recommandé de faire entrer dans le cortège végétal un certain pourcentage d’espèces endémiques du secteur géographique
Strate paysagère basse et couvert végétal
Actuellement, les plantations de la strate paysagère basse réalisée en phase deux ont périclitées. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet état de fait.
Points négatifs
Le couvert végétal abondant des Chênes verts – Quercus Ilex, espèce d’arbre persistante, offre que très peu de luminosité à la strate basse imaginée. L’élagage du couvert végétal a été minimisé sur le long terme. Un entretien plus régulier à ce niveau est à réaliser afin d’avoir un maximum de transparence du feuillage. La persistance du feuillage de l’espèce ne permet pas lors des périodes automnales et hivernales d’apporter un apport de lumière suffisant à la strate basse. Son feuillage ne tombant pas, il ne permet pas non plus de créer une surface de paillage du sol. Ce paillage en se décomposant ne vient pas non plus fertiliser le sol du fait de son absence.
Points positifs
La persistance du feuillage offre une ombre importante aux usagers et aux plantations lors des périodes estivales.
Recommandations
Nous recommandons de procéder à ce type d’élagage de transparence deux fois par an. Une première avant le printemps pour maximiser l'apport de lumière zénithale en partie basse, une seconde fois juste après la période estivale.
Conséquences de l’aménagement de la phase 2
L’état des lieux initial de la société Horizon végétal et l’état des lieux que nous avons réalisé in situ montre une différence de topographie de la terrasse supérieure. D’un platelage complètement plan, on passe à des espaces plantés et buttés. Nous pensons que suite aux difficultés d’accès au patio, de la terre a été amenée en excès et ce pour constituer des buttes de massifs. Comme, nous l’avons vu précédemment à cause d’autres facteurs, la strate herbacée s’est peu développée et donc, également son racinaire. Au fil du temps et des précipitations, l’eau a eu tendance à s’écouler de part et d’autres de ces buttes et à tasser le sol. Le racinaire n’étant pas ou peu présent, il n'a pas pu jouer rôle de rétention. Il conviendra donc avant de replanter une strate basse de décompacter et amender le substrat et ce afin de donner les meilleures conditions d’enracinement des plantes de la future strate herbacée.
Conséquence à moyen / long terme
Le ruissellement de l’eau induit par les buttes se déverse indéniablement vers les pans les plus plats et donc le platelage des cheminements. Ceci aura pour conséquence, si ce n’est déjà le cas, un vieillissement prématuré du bois des cheminements.
La palette végétale choisie pour le projet
Ecrit par Sarah Delaval