Qui n’a jamais rêvé de voir la capitale prendre des allures campagnardes, où un univers composite régnerait en maître près de chez soi. Des collectifs d’artistes s’inquiètent de réhabiliter ses zones urbaines, tout comme nombre d’associations se font un point d’honneur de réveiller Paname. Las le bétonnage à outrance et les terrains en friche lui donnent un aspect désolant, que penser alors d’un revirement de situation, qui nous apporterait un meilleur air garanti sur facture.
Ces friches qui revigorent Paris
C’en est terminé avec certaines gares désaffectées, bureaux à l’abandon et autres friches industrielles, intra-muros ou au-delà du périph’, leur hibernation prend enfin des allures printanières. Des projets décalés qui débordent d’idées et d’énergie, mettant tout en œuvre pour donner une seconde vie à ces sites voués au déclin. Jardins potagers ou réhabilitation ludique des lieux, tout est prétexte à les mettre en lumière par des projets artistiques audacieux. Voici un petit listing concocté à votre attention.
1) Le Ground Control : C’est courant 2017 que dans le XIIe un ancien centre de Tri Postal s’est vu réhabilité en pied-à-terre du bar « libre et curieux ». La terrasse s’est dédoublée pour accueillir une halle industrielle de grande envergure, occupant une surface de 5.500 m2. D’opulentes tables d’hôtes peuvent ainsi accueillir jusqu’à 300 convives, sur les douze comptoirs street food du monde qui y ont élu domicile.
L’évènementiel en détient une large zone où se côtoient cours de yoga, espace enfant, galeries d’art et scènes musicales, sans oublier les marchés et boutiques. Pour se tenir informé vous avez le studio de la WebRadio, qui retransmet les débats et autres initiatives citoyennes, sur place ou à emporter. Les rails de la Sncf à l’abandon ont trouvé ici un nouvel aiguillage à votre service.
Du 22 mai au 2 juin 2019 Ground Control vous invite à « C’est quoi ton genre ? », avec expositions et ateliers, conférences & spectacle etc. et même DJ set !
2) La Générale : Cette ancienne structure sise dans le XIe est de style Eiffel, dont l’architecture industrielle fut occupée jusqu’à fin du 20ème siècle par un centre EDF. Passer de la distribution électrique à un jardin suspendu, avec sa splendide verrière sous-plafond de 9 mètres, a de quoi surprendre. Si on y ajoute que ce lieu atypique fait 500 m2, nous pouvons le qualifier d’unique.
Après qu’il fut abandonné durant une décennie, une poignée d’artistes se sont entendus pour occuper les lieux. Depuis leurs ateliers ont fait des émules, à telle enseigne que la Mairie de Paris en a confié les rênes à un collectif branché. En 2009 le site expérimental s’est donc ouvert à toute pratique culturelle et artistique. Neuf espaces sur deux niveaux reçoivent ateliers et pièces de théâtre, tandis que festivals et concerts se succèdent à loisir.
Cerise sur le gâteau, à même le toit trônent un adorable jardin, ses arbres fruitiers et des légumes. Le top du top se trouve cependant dans ses ruches, qui produisent au moins 20 kg de miel à l’année. Pour l’évènementiel consulter leur agenda.
3) La Recyclerie : Implantée dans le XVIIIe, en direction du marché aux Puce, une grande façade attire les regards pour mieux les fasciner. Entièrement vitrée elle laisse entrer le soleil, qu’une cascade de plantes vertes tient à l’abri des indiscrets. S’y est réfugiée une épicerie-cantine-bricolage intelligente, où le mot d’ordre est l’éco-responsabilité. Des rencontres positives, autour d’une table ou derrière un établi, se font dans la redistribution ludique.
L’ancienne gare Ornano datant de 1869 est ainsi réhabilitée avec panache. Si les lieux sont décrits comme ultra-bobo, c’est que de ce décor déglingué ressort une atmosphère dépaysante au possible. Entre un restaurant végétalien et l’atelier, où Monsieur René prodigue ses conseils de bricolage, tout n’est que partage. Côté rails vous trouverez une ferme urbaine, avec système de compostage, un mini-potager et des ruches, sans oublier un bassin aquaponique.
A noter que du 30 juillet au 28 août la Recyclerie fera son show sur les rails, en collaboration avec le Festival Atmosphères. Un grand écran, des chaises inclinables et le décor est planté, Les broc’ sont quant à elles accueillies du 12 mai au 29 septembre.
Sans pouvoir les citer dans leur ensemble et prendre le risque d’en oublier, une modeste liste complémentaire non exhaustive :
- DOC ! Ancien lycée technique dans le XIXe, reconverti par les membres du collectif et transformé en laboratoire artistique.
- Friche-moi la Paix est espace intermédiaire entre deux rives, des zones en jachère où il fait bon rêver en harmonie dans le XXe.
- La Gare XP du XIXe, un collectif de 18 artistes ayant pignon sur rue créé pour accueillir des disciplines aussi diverses que variées.
- Le Hasard Ludique dans le XVIIIe, un pavillon musical festif qui se tient en suspension au-dessus des rails sur Saint-Ouen.
- La Station-Gare des Mines, aux portes d’Aubervilliers, ancienne gare de charbon reconvertie en espace alternatif and Co.